En vadrouille

Ballades multigéographiques

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samedi 21 mai 2011

Vingt quartre degrés

Vingt quatre degrés, il fait déjà nuit depuis plus de quatre heures. Assis au bord de la piscine, une piñacolada sur la table devant moi, derrière le grondement des vagues se brisant sur le récif. Après une semaine presque sans voir le soleil, il fallait bien une après-midi à la plage. De sable noir bien entendu. Le serveur fait le tour des tables pour la dernière tournée : il est bientôt onze heures. Dans le fare du bar, un tahitien secoue généreusenemt le shaker à cocktails. L'un de ceux qui en sortiront sera pour moi. Une demi-lune se lève lentement derrière de fins nuages. Des rires à une table voisine. Pas une ride sur la surface de la piscine.

mardi 15 décembre 2009

Vilnius

Les premiers flocons de neige dignes de ce nom ont fini par blanchir le sol. Températures négatives ces derniers jours, je m'amuse à courir et glisser sur les flaques gelées. Les illuminations sont de sortie dans les arbres et sur les lampadaires. Des sapins géants ont fait leur apparition sur les places ainsi que les petites cahuttes du marché de Noël qui vendent vin chaud, spirales de pommes de terre frites, bonnets, gants et autres babioles. Au soleil rasant de midi, je regarde le jeu des ombres sur une façade saumonée aux tours de fenêtres blancs. Celles des bâtiments qui bougent quand on a le dos tourné. Celles des arbres sans feuilles. Et celles mouvantes de le fumée d'une cheminée voisine.

mardi 10 novembre 2009

Avec chauffeur

À l'arrière d'une Chevrolet blanche climatisée, je regarde à ma gauche des lumières qui courent sous le feuillage des arbres. Elles semblent se déplacer elles aussi, un train nocturne fait de lampadaires jaunes et blancs. À Riyadh plus qu'à Jeddah, le bitume pourtant terni par la poussière luit comme une vieille marche de pierre patinée, reflétant les phares des voitures, l'éclairage public et les enseignes multicolores. Et les clous. En guise de marquage au sol, des clous dont la grosse tête ronde et légèrement bombée au dessus de l'asphalte fait vibrer les roues lors des changements de file. Un peu plus loin de l'autre côté de la route, une forêt de plus de soixante grues de tailles diverses surplombe un immense parterre de fondations sortant du sol. Le matin c'est dans un air épaissi par la poussière et les rejets des moteurs diesel que tout se met un mouvement et se fond dans un horizon laiteux au bord duquel le soleil n'est qu'une grosse boule orangée à caractère décoratif et à la lumière faiblarde.

vendredi 30 octobre 2009

Chronique aéroportuaire II

Une petite heure avant le décollage. Dans un fauteuil en diagonale, un asiatique parlant anglais mange des morceaux de nourriture lisses et orthorhombiques de différentes couleurs que j'identifierai plus tard comme étant des morceaux de fruits et non un substrat protéique coloré et aromatisé sorti tout droit d'un film futuriste. J'en suis presque déçu mais la fatigue qui avait laissé libre cours à mon imagination me le fait oublier aussi vite. En face de lui mais de dos pour moi, les cheveux courts et le bras grassouillet, j'ai du mal à déterminer le genre. Finalement la discrète boucle d'oreille, la voix et le fait qu'il lui tende un prospectus à connotation vacancière m'indiquent qu'il s'agit de sa femme. L'heure de l'embarquement approche, mais pas d'annonce. La lounge se vide. Bientôt plus que nous trois. Notre asiatique s'inquiète et s'enquiert auprès de la réceptionniste. J'ai eu beau leur dire que l'avion n'était pas prêt, ils sont tous partis, explique-t-elle. Je finis de siroter tranquillement mon tonic.

dimanche 9 août 2009

Ad Dammam

Quarante cinq degrés à l'ombre bien tassés dans la journée. Quand le soleil se couche on finit par tomber sous les quarante. Autour d'une ville couleur sable, le désert et des dromadaires noirs. Quelques palmiers et broussailles ornent parfois les dunes. Il y a la mer aussi, de l'autre côté, mais faute de temps je n'ai fait que l'apercevoir par le hublot de l'avion. Sur l'autoroute qui mène à l'aéroport, les hommes se battent contre le désert et le vent. Le sable s'amasse contre les blocs de béton qui forment le terre-plein central, occupant une bonne moitié de la troisième voie. Les travailleurs immigrés, la tête enfouie dans un foulard aux manettes de leurs tractopelles miniatures à cabine ouverte, tentent de déblayer plus vite que le vent ne remblaye. D'autres derrière leur camions-citernes arrosent les rangées d'arbres frêles plantés là pour essayer d'endiguer le phénomène.

Des trainées de sable courent sur l'asphalte emmenées par un vent brûlant, fouettant la voiture au passage. En marge de la route, d'autres bulldozeurs s'échinent à repousser les dunes, laissant derrière eux des sillons dans le sable et un panache de fumée noire sur un horizon grisé par la chaleur.

vendredi 8 mai 2009

Égypte et Soudan

Encore un billet commencé il y a un moment mais qui prenait la poussière dans un coin. Pas vraiment fini mais je publie quand même avant qu'il soit trop tard.

L'Égypte, c'est pire que l'Arabie Saoudite. Je veux dire, niveau pagaille. En arrivant à Jeddah, j'avais trouvé qu'ils conduisaient tous comme des malades. Ce que l'on faisait en scooteur dans les bouchons de Chiang Mai — à savoir se faufiler dans la moindre petite place disponible — ils le font avec des voitures. Et de gros 4x4 américains par dessus le marché. Au Caire, c'est le niveau encore au dessus. Vu qu'au contraire ils n'ont pas des gros 4x4 américains mais de vieilles bagnoles décaties, ça se serre encore plus près, ça passe encore plus en force, encore plus n'importe quoi, et le klaxon est roi. Pas question bien entendu de s'arrêter à un feu rouge s'il n'est pas accompagné d'un policier. Aux passages piétons, on se croirait parfois en train de regarder un ballet sur glace où les patineurs — comprendre piétons et voitures — se croisent en flux perpendiculaires sans jamais se rencontrer.

L'après-midi l'air retrouve un peu de clarté et en prenant de la hauteur, on aperçoit les pyramides par dessus la ville. Gravats, terre, poussières, côtoient les ânes et les chèvres dans les rues et sur les toits. On trouve souvent devant les échoppes des points d'eau fraiche et leurs gobelets métalliques qu'une chainette ou un bout de ficelle maintiennent à portée de main. Dans le musée de l'Égypte, nombreuses sont les jeunes-filles voilées assises par terre, armées de crayons ou pinceaux esquissant des hiéroglyphes et autres motifs d'époque sur leurs feuilles blanches; sous le regard probablement amusé des esprits dont les corps momifiés reposent derrière les vitrines.

Du Soudan je ne pourrai pas dire grand chose. Six jours à Khartoum sous escorte, hôtel-aéroport, aéroport-hôtel. Il y fait chaud. Les femmes sont belles et à visage souvent découvert. Les Nils blanc et bleu se rejoignent. La loi islamique est aussi en vigueur, d'application un peu plus laxiste que chez les voisins saoudiens. Les appels à la prière nous parviennent à travers un haut-parleur éraillé. L'air chaud vibre au dessus d'une terre ocre. Au feux rouges on vend des oranges. Au bord de la route des pastèques. La chaleur du soir donne envie de passer la nuit dehors. Mais les moustiques veillent.

vendredi 3 avril 2009

Dernière minute

J'aime les surprises. Le Soudan est repoussé à la dernière minute, mais il me faut tout de même sortir du pays pour renouveler mon visa. Deux heures d'avion plus tard, dans quelle capitale grouillante et poussiéreuse ais-je atterri ?

lundi 30 mars 2009

Modulo sept

Le décalage horaire, je gère. Le jet-lag, c'est une bonne blague. Conduire à droite ou à gauche, c'est fastoche. Mais le week-end jeudi et vendredi, c'est une autre paire de manches. Surtout quand il faut garder le contact avec le reste du monde qui se repose deux jours plus tard. Les jours se suivent et se mélangent, s'emmêlent et s'enchevêtrent, se fondent en un flot ininterrompu que l'on finit par renoncer à découper par tranches de sept. Le début et la fin ne sont plus que d'anecdotiques chimères dans le désordre. Je me laisse porter par le courant et la fumée des shishas.

Ah, et je voudrais affoler personne mais vendredi je prends l'avion pour le Soudan.

lundi 16 mars 2009

Riyadh

Riyadh, comme Jeddah, c'est un grand jeu de construction. Partout de vieilles maisons s'effondrent, de nouveaux quartiers sortent de terre, d'immenses fosses se creusent qui abriteront les fondations de futurs gratte-ciels. La terre et le bois des maisons anciennes contrastent avec le métal et le verre des tours modernes. Autour, mais aussi dans la ville, le sable et poussière du désert qui donnent un aspect délavé à tout ce qu'ils touchent.

Très peu de femmes dans les rues. Il faut aller dans les centres commerciaux — dont certains leurs sont réservés — pour les trouver. Les femmes restant à la maison, il faut bien s'occuper. En remontant une rue du vieux Riyadh depuis Al Masmak, je ne compte plus les magasins de machines à coudre. Dont au mois quatre à la suite. Dans les parcs en fin d'après-midi, on sort les tapis et on vient s'asseoir et discuter entre hommes ou en famille. Sur des terrains de sport en bordure du parc, ou joue pieds nus et en tenue traditionnelle au volley ou au foot.

Au sommet de la tour Al Faisalia pour le coucher du soleil, Riyadh s'étend à perte de vue. Entre autres parce que l'on perd vraiment la vue : la poussière toujours présente dans l'air fond rapidement ciel et terre en un horizon laiteux. Mais même une fois la nuit tombée, les lumières courent dans toutes les directions sur des kilomètres. Un peu avant huit heures, le dernier appel à la prière monte simultanément de tous les coins de la ville en un brouhaha de chants portés par le vent, qui résonnent comme des milliers de voix dans une tête trop petite. En bas les magasins ferment, ils rouvriront dans une demi-heure.

En attendant, de retour à Jeddah je me fais aux coutumes locales. Aujourd'hui : manger assis par terre et sans couverts.

mercredi 11 mars 2009

Tout n'est que poussière

Tempête de sable hier sur Riyadh. Un peu avant midi, la lueur orangée surréaliste qui entre dans la salle de contrôle par les ouvertures du plafond nous pousse à sortir pour voir la scène. Le soleil a disparu, la tour de contrôle aussi. Des avions sortis de nulle part se posent encore sur une piste hypothétique qui sera rapidement fermée. Une fine poussière flotte dans l'air et commence à recouvrir d'orange délavé un environnement déjà ocre.

Vers seize heures, le plus gros est passé, la tour réapparaît, mais on ne reverra pas le soleil. Aujourd'hui encore les avions en taxi sur les pistes soulèvent d'énormes nuages de poussière, et l'air à comme un arrière-goût de terre...

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