Avec chauffeur

À l'arrière d'une Chevrolet blanche climatisée, je regarde à ma gauche des lumières qui courent sous le feuillage des arbres. Elles semblent se déplacer elles aussi, un train nocturne fait de lampadaires jaunes et blancs. À Riyadh plus qu'à Jeddah, le bitume pourtant terni par la poussière luit comme une vieille marche de pierre patinée, reflétant les phares des voitures, l'éclairage public et les enseignes multicolores. Et les clous. En guise de marquage au sol, des clous dont la grosse tête ronde et légèrement bombée au dessus de l'asphalte fait vibrer les roues lors des changements de file. Un peu plus loin de l'autre côté de la route, une forêt de plus de soixante grues de tailles diverses surplombe un immense parterre de fondations sortant du sol. Le matin c'est dans un air épaissi par la poussière et les rejets des moteurs diesel que tout se met un mouvement et se fond dans un horizon laiteux au bord duquel le soleil n'est qu'une grosse boule orangée à caractère décoratif et à la lumière faiblarde.