Bus Tardif

Les posts de nuit :)

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samedi 26 novembre 2011

La pluie

Je rentre chez moi par le dernier tram, un 112 pour changer. Un groupe de françaises monte. Un autre français leur tape la discute. Terminus. Je remonte la rue, attrape une part de pizza histoire de ne pas finir le ventre vide. Dehors les fumeurs et les files d'attente devant les bars, plutôt courtes pour un vendredi soir. Dernier tournant, dernière ligne droite, je remonte tranquillement la rue lorsque qu'un crépitement se fait entendre. La pluie. En quelques minutes de grosses gouttes, la chaussée scintille, et j'y vois comme à travers un pare-brise dépourvu d'essuie-glaces. Ma veste en cuir est mouchetée de taches sombres et les gouttes ruissellent sur mon cuir chevelu. Il fait encore chaud, cela n'est pas désagréable.

samedi 27 février 2010

Dans le tram

Sur le quai, deux jeunes passent chacun avec deux ou trois bouteilles de Corona ouvertes et moussantes dans les mains, récupérées on ne sait où. Je monte dans le quatre-vingt-seize. Deux sièges devant moi sur la droite, une jeune femme pleure au téléphone, Don't be silly... se lamente-t-elle. Pas vraiment mignonne mais on aurait quand même envie de la réconforter. Un autre au visage d'une beauté déconcertante monte et vient s'assoir à coté d'elle. Un polo rouge aux couleurs d'une marque de café, serveuse probablement. Elle sort un pavé de son sac et commence à lire. Son visage sérieux à la bouche qui sourit à l'envers ne semble pas prêter attention à ce qui l'entoure. Un groupe de joyeux canadiens qui monte et s'agite finit par lui faire secouer la tête d'un air désapprobateur. Ils rient d'un pari stupide qui m'échappe. Un indien à la jambe de bois s'extirpe tant bien que mal de son siège et boite jusqu'à la porte. Je suis presque arrivé.

samedi 4 juillet 2009

Bon à savoir

Même de nuit, sous la pluie, et avec un taux d'alcoolémie non négligeable, j'arrive à reconnaitre l'enseigne du Hungry Jacks. Et un Ultimate Double Whooper plus tard, quand je fais mine de rentrer chez moi, un tram arrive qui me déposera devant ma porte (ou presque). Que demande le peuple ?...

samedi 28 février 2009

Whisky coca

Bien. Trois constatations en cette fin de soirée. Tout d'abord, moi qui croyais être définitivement vacciné contre le whisky, force est de constater que les boites de cotons-tiges se vidant[1], le whisky arrive à repasser. Avec du coca cela reste mauvais mais je me dis que d'ici quelques années j'arriverais peut-être de nouveau à apprécier un Lagavulin auquel mon oncle avait pris soin de m'élever. Ensuite j'ai beau avoir perdu le compte des bars par lesquels nous sommes passés ce soir, je constate que je suis toujours amoureux de la serveuse, un peu de constance dans ce monde qui a tendance à tanguer et tourner et se mélanger en une bouille floue; en particulier en fin de soirée arrosée, heureusement, Hungry Jacks est là pour nous sauver. Et pour finir j'aime bien croiser des personnes improbables dans des circonstances qui le sont tout autant. Ce soir en rentrant chez moi et donc à une heure pas sortable, un de ces marginaux du quartier, origine peut-être aborigène, pas loin de deux mètres[2], blanc avec une coupe afro comme je n'en aurai jamais même au sommet de ma forme, la barbe qui va avec, et toujours la même tenue : marcel noir, jean noir, santiags noires. A le croiser je sais que je suis bien chez moi, et je ralentis la cadence pour profiter de la nuit quelques minutes de plus.

Notes

[1] Je ne sais pas vous, mais moi je prends un coup de vieux à chaque fois que je finis une boite de 365 cotons-tiges.

[2] Avec l'afro.

samedi 13 décembre 2008

Pluie

La pluie trahie par les phares des voitures n'encourage pas à quitter la bulle agitée et bruyante du pub et ses litres de bières. Pourtant la fermeture approche, le samedi s'annonce chargé, et l'imminence du retour à la maison s'entrechoque avec son caractère inéluctable tel le ding d'un micro-ondes en fin de cycle. Plus de trams à cette heure tardive, seuls les taxis peuvent nous tirer d'affaire. Entre la file d'attente kilométrique devant le casino ou la marche sous la pluie en espérant attraper un taxi au vol, le choix est vite fait. Il ne fait pas si froid le long de Clarendon Street et j'ai depuis longtemps appris à apprécier la pluie et les gouttes qui se réchauffent et courent le long du cuir chevelu. Une pause sous un abri-bus quand les éléments de déchainent. Puis la pluie s'arrête presque et on repart. Un taxi s'arrête enfin, il était temps. L'humidité et la fraicheur nocturne commençaient juste à traverser les diverses couches vestimentaires. Je souris dans ma barbe mouillée. Me voilà presque arrivé.

dimanche 26 octobre 2008

Summer nights

J'aime bien quand l'imprévu vient se joindre à la soirée de temps en temps. En attendant le reste de la petite troupe sur les quais des Docklands, profitant d'une légère brise rafraichissante, j'étais loin de m'imaginer quelques heures plus tard voir le jour se lever sur la City depuis le balcon d'un parfait inconnu au vingt-deuxième étage d'une tour, un verre de Hennessy à la main. Cela faisait longtemps que je n'avais pas fini de soirée après sept heures, et je pense ne pas trop m'avancer en prévoyant un dimanche hautement productif.

vendredi 13 juin 2008

Tête en l'air

Deux heures du matin, devant l'aéroport de Tahti Faa'a. Je reste songeur en regardant les phares de l'avion en provenance d'Auckland se rapprocher et s'aligner avec la piste. Seulement vingt personnes à bord, et même pas celle que j'attends. Mais je ne le sais pas encore. Quelques minutes auparavant, l'avion d'Air France s'envolait pour Los Angeles, emportant Momo et une horde de touristes avec lui. Vu la file d'attente à l'enregistrement, celui là devait être assez rempli. Pas grand monde dans l'aéroport. Quelques voyageurs attendant leur vol, d'autres attendent ceux qui vont arriver. Sous les abris du côté du parking, des tahitiennes vendent des colliers de fleurs ou de coquillages. Les quelques taxis de la file sont vides de leurs chauffeurs souvent assis sur un banc à proximité. Du personnel d'entretien et de sécurité passe et repasse. Quelques uns dorment sur les bancs. D'autres se partagent des écouteurs. La lune atteint la limite des nuages et les passagers en provenance de Nouvelle-Zélande ont tous débarqué. Il est temps de rentrer.

mercredi 21 novembre 2007

Jacques a faim

Neuf heures et demie et un ciel couvert au dessus de la City. Quelques gouttes commencent à tomber alors que je sors du boulot et me dirige vers la gare. J'arrive à l'abri du grand toit ondulé de Southern Cross Station juste quand il commence à pleuvoir assez pour être mouillé. On annonce des trains au départ, mais ce n'est pas pour cela que je suis venu. Je suis venu parce que c'est ici que se trouve le plus proche Hungry Jack's. Pour une raison inconnue et dont j'ignore la cause sans même savoir pourquoi, ici Burger King s'appelle Hungry Jack's. Le nom change, mais le menu est le même : pour moi, ce sera un Double Whooper. Il y a des jours comme ça ou on a envie d'un bon burger bien gras bourré de prions, et où toute résistance est vaine. Assis à une des tables extérieures, je regarde la pluie tomber dans les phares des trams et des taxis. La barre d'énergie remonte au rythme du verre de coca qui se vide. La pluie diminue. Je me lève pour rejoindre l'arrêt de tram, et l'indien de service est presque étonné de me voir jeter moi-même les restes de mon menu dans la poubelle prévue à cet effet. Un rapide coup d'œil me confirme que ma table est la seule à avoir été épargnée.

samedi 15 septembre 2007

La goutte

Une goutte d'eau sur le mur de la douche. Immobile sur le bord d'un des carreaux noirs de deux par deux. Elle regarde le joint gris, juge de la distance qui la sépare du prochain carreau, se demande si elle va faire le grand saut. Soudain elle s'élance, atteint l'autre carreau en une fraction de seconde et la gravité aidant, accélère pour le traverser avant de freiner des quatre fers pour s'arrêter une fois de plus au bord du joint suivant, laissant derrière elle la trace humide de son passage. Une fois de plus, elle hésite. De quoi a-t-elle peur ? Elle n'en est plus à son premier carreau. Sans prévenir, elle s'élance de nouveau, en traverse et refait une pause au joint. Et ainsi de suite. Cinquante centimètres plus bas, contre toute attente elle prend un virage, et dévie de sa trajectoire de plusieurs millimètres avant de rentrer dans le rang au carreau suivant. C'était son dernier souffle d'originalité, une goutte de fantaisie dans sa courte escapade en solitaire sur ce mur. Quelques centimètres plus bas les carreaux sont déjà mouillés, et elle sait que les atteindre signifie disparaitre, se fondre dans la masse des autres gouttes au risque de ne plus jamais en ressortir. Elle qui rêvait de faire déborder le vase, il faut se rendre à l'évidence, ce sera pour une autre fois.

samedi 5 mai 2007

Errances

La soirée avait commencée dans un bar de la City, avec des bières, quelques bouts de pizza et une Chartreuse pour la route. Puis pause pâtes chez un collègue un peu après neuf heures, accompagnées dans l'ordre de rhum-fruits rouges, rhum-litchi et rhum-mangue. Vers dix heures et demie direction l'Albert Park Hotel pour finir la soirée en compagnie d'australien(e)s dont l'un soutient à sa sœur que non, il n'a pas couché avec la copine de sa meilleure amie[1] le jour de son anniversaire[2], avant de m'avouer un quart d'heure plus tard que si, il l'avait fait, mais vu que la fille en question n'était que average[3], y'avait pas de quoi être fier. Encore quelques bières et il est temps de rentrer. A la lumière des lampadaires, je suis les rails du tram qui me guideront jusque chez moi. Sur Canterbury Road, je dois me concentrer pour marcher droit. Sur Mills Street, ça va un peu mieux, mais j'ai mal à la tête et je laisse le tram me doubler. Sur Danks Street je tends la main par réflex et j'arrache quelques brins d'un buisson à l'allure familière. Les portant à mes narines, l'odeur de la lavande me réveille et je commence à y voir clair. Sur Park Street je fredonne du Suzanne Tedeschi et saute sur un matelas qui traine sur le trottoir alors que je croise le même tram passant en sens inverse. Presque trois quarts d'heure plus tard, j'arrive enfin sur Fitzroy. Une bonne nuit de sommeil, et demain on remet ça...

Notes

[1] Meilleure amie de la sœur...

[2] Anniversaire, de la sœur aussi...

[3] Pour les non-anglophones : moyenne.

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