Dans le tram

Sur le quai, deux jeunes passent chacun avec deux ou trois bouteilles de Corona ouvertes et moussantes dans les mains, récupérées on ne sait où. Je monte dans le quatre-vingt-seize. Deux sièges devant moi sur la droite, une jeune femme pleure au téléphone, Don't be silly... se lamente-t-elle. Pas vraiment mignonne mais on aurait quand même envie de la réconforter. Un autre au visage d'une beauté déconcertante monte et vient s'assoir à coté d'elle. Un polo rouge aux couleurs d'une marque de café, serveuse probablement. Elle sort un pavé de son sac et commence à lire. Son visage sérieux à la bouche qui sourit à l'envers ne semble pas prêter attention à ce qui l'entoure. Un groupe de joyeux canadiens qui monte et s'agite finit par lui faire secouer la tête d'un air désapprobateur. Ils rient d'un pari stupide qui m'échappe. Un indien à la jambe de bois s'extirpe tant bien que mal de son siège et boite jusqu'à la porte. Je suis presque arrivé.