mercredi 2 juillet 2008

Sourire d'hiver

Les rues presque vides aux passants pressés, les arbres aux branches nues, la nuit et la fraicheur qui s'engouffre dans le coup, pas de doute : je suis bien revenu en hiver. Et c'est avec une joie non dissimulée que je ressors mon écharpe restée au chaud dans le le placard. Peu importe le choc thermique et le rhume qui s'en suivra probablement d'ici la fin de la semaine, c'est avec le sourire que j'arpente ces lieux familiers. Je regarde d'un air amusé les touristes scrutant l'obscurité à travers les vitres des trams, espérant apercevoir le nom d'une rue ou d'un arrêt leur indiquant qu'ils ne sont pas complètement perdus. Moi j'ai retrouvé ma ville.

samedi 21 juin 2008

Tetiaroa

Tetiaroa, île privée appartenant aux héritiers de Marlon Brando et seul atoll de l'archipel de la Société, une trentaine de milles au nord de Tahiti. Quatre heures sur un voilier de quatorze mètres se trainant à huit noeuds avant d'arriver à destination. L'atoll dont l'altitude maximale est approximativement la hauteur d'un cocotier apparait sur l'horizon au bout de deux heures et demie et la douzaine d'îles qui le composent s'y étale lentement au rythme de notre progression. Un petit zodiac nous emmène un par un dans le lagon en s'aidant de la vague pour sauter par dessus le récif. Sur la plage sous le vent, les moustiques et les bernard-l'hermite forment le comité d'accueil. Le sable est blanc et d'une rare finesse. L'eau du lagon semble jouer avec toute la gamme des turquoises.

Sur l'île aux oiseaux, une nuée de volatiles nichent dans les branchages où à même le sol, laissant leurs œufs sans surveillance dans ce lieu sans prédateurs. Pour s'y rendre, on traverse le lagon à pied en évitant de marcher sur les concombres de mer qui parsèment le fond de sable blanc. L'eau est chaude et s'arrête au dessus de la taille. Sur le sable, les noix de coco prennent racine. Un petit coin de paradis encore préservé car loin de tout. Huit heures de bateau dans la journée, autant dire que le soir, assis à la table d'une des roulottes de la place Vaiete, ça tanguait encore.

samedi 14 juin 2008

Image fixe

Depuis la terrasse du restaurant, je regarde avec nonchalance les bateaux de la marina. Le long mat d'un voilier oscille de droite à gauche au milieu d'une jungle flottante qui semble figée.

Alors que la réalisation de cette anomalie fait lentement son chemin à travers la première bière de la journée, les autres bateaux se mettent aussi à osciller comme pour rétablir incognito les lois de la physique. Un battement de cils plus tard, tout est redevenu normal.

vendredi 13 juin 2008

Tête en l'air

Deux heures du matin, devant l'aéroport de Tahti Faa'a. Je reste songeur en regardant les phares de l'avion en provenance d'Auckland se rapprocher et s'aligner avec la piste. Seulement vingt personnes à bord, et même pas celle que j'attends. Mais je ne le sais pas encore. Quelques minutes auparavant, l'avion d'Air France s'envolait pour Los Angeles, emportant Momo et une horde de touristes avec lui. Vu la file d'attente à l'enregistrement, celui là devait être assez rempli. Pas grand monde dans l'aéroport. Quelques voyageurs attendant leur vol, d'autres attendent ceux qui vont arriver. Sous les abris du côté du parking, des tahitiennes vendent des colliers de fleurs ou de coquillages. Les quelques taxis de la file sont vides de leurs chauffeurs souvent assis sur un banc à proximité. Du personnel d'entretien et de sécurité passe et repasse. Quelques uns dorment sur les bancs. D'autres se partagent des écouteurs. La lune atteint la limite des nuages et les passagers en provenance de Nouvelle-Zélande ont tous débarqué. Il est temps de rentrer.

dimanche 1 juin 2008

Étoiles

La nuit tombe comme une flèche quand sonnent 18 heures trente. À l'ouest, Mars et Saturne descendent lentement vers la masse sombre de Moorea et ses quelques lumières qui scintillent le long de la côte. Puis quand Mars se couche, Jupiter se lève.

Au nord, la grande ourse m'indique la direction de l'étoile polaire, qui ne passera pas de si tôt au dessus de l'horizon d'un observateur à 17 degrés sud. La croix du sud, elle, est fidèle au rendez-vous. Sur une chaise longue au milieu du jardin, je commence à retrouver mon chemin au milieu de ces étoiles.

Cinquante et un francs

Depuis ce matin, le prix de la baguette de pain mesurant entre cinquante et soixante centimètres de long et d'un poids minimum de deux cent cinquante grammes est passé de quarante-sept à cinquante et un francs en Polynésie Française. Ce prix est fixé par l'état en accord avec les syndicats du secteur. C'est aussi le cas de celui de la viande de porc, des pommes de terres, des œufs, de l'eau en bonbonnes de 18,9 litres et de l'essence – 148 francs le litre de sans plomb 98 – ce qui explique a passage l'absence d'affichage des prix du carburants aux stations service. A 119 francs et des poussières pour 1 euro, je vous laisse faire le calcul...

dimanche 30 mars 2008

Welcome Back

On a beau être bien à Tahiti, c'est agréable de rentrer chez soi. De retrouver ses marques. Un air frais et des feuilles qui tombent.

Alors que les nuages jouent à chat avec le soleil et que j'attaque mon Missed Breakfast en terrasse du Street Café, deux individus louches et une hystérique vient régler leurs comptes à quelques mètres à grand coups de fuck et de chaises qui volent. J'apprécie la scène presque autant que le bacon de mon assiette, une légère appréhension à l'idée de me retrouver mêlé à la bagarre. Les serveurs interviennent, les protagonistes se dispersent, l'un d'eux passe derrière moi par dessus la barrière et me tape sur l'épaule en s'excusant de troubler mon repas, avant de traverser la rue et, rejoint par les deux autres, de remettre ça. Home sweet home...

mercredi 26 mars 2008

Chronique aéroportuaire

Aéroport de Faa'a, salle d'attente avant l'embarquement, minuit cinquante. Au plafond de cette salle semi-ouverte, une douzaine de ventilateurs brassent un air approchant les 30°C. Sur les canapés sont éparpillés des corps affalés et somnolents. Certains ont encore les yeux assez ouverts pour lire un livre ou un magazine. Devant moi, elle tient dans les mains un Femme actuelle titrant Mannequin à 47 ans, ça m'est arrivé par hasard, lui feuillette un comparatif automobile. Le couple parfait. Je réalise au bout d'une demi-heure que j'ai accès à la lounge, à l'étage. Il reste vingt minutes, j'ai la flemme de monter, même pour les boissons fraiches gratuites. Je tourne la tête pour voir un A340 s'immobiliser à la porte voisine. Le nôtre est déjà là depuis un moment. Un australien avec une sorte de choucroute décolorée sur la tête émerge de son canapé. Une blonde plantureuse vient s'assoir devant moi et se met à pianoter sur son téléphone. Quelques locales ont la fleur à l'oreille. Mon ami à la choucroute a déjà replongé. Annonce. L'embarquement commence.

mardi 11 mars 2008

Spéciale dédicace

Après avoir repassé deux chemises avec un fer sans vapeur et à la semelle en toile émeri, j'ai une pensé émue pour mes grand-mères qui ont connu la version en fonte avec les braises dedans. Et pour mes grands-pères qui devraient pas faire les malins quand ils revenaient avec des plis sur leurs chemises. Vive le progrès.

Fin de journée

Se frayer un chemin dans les embouteillages. Arrêter la clim dans la chambre d'hôtel. Les quelques vêtements s'envolent et retombent sur le lit pour laisser place au maillot de bain. Récupération du matériel nécessaire : serviette, palmes, masque, tuba. Rentrer dans la mer chaude et ajuster l'équipement. Contempler l'agitation bariolée sous la surface. Regagner la plage pour le coucher de soleil sur Moorea. Douche. Restaurant. Douce chaleur nocturne.

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