Un mois plus tard

Les croix sur le calendrier s'enchainent comme les esclaves aux rames des bateaux. La Thaïlande, c'était il y a un mois déjà. L'heure d'un petit commentaire à froid, par 35 degrés.

Premièrement, Bouddha est partout. Assis, debout, couché, donne la patte. Or, jade, pierre. Petit, moyen, grand, immense. Avec généralement autour une pagode aux multiples toits et clochettes, pour éviter qu'il ne prenne la pluie, et non loin de là une ou plusieurs stoupas pour marquer le coup. Et plus ça brille, mieux c'est. En visitant le tout on passe son temps à enlever et remettre ses chaussures, que l'on aura pris soin de choisir en en conséquence.

La deuxième figure emblématique, c'est le Roi, dont les portraits emplissent Bangkok — mais moins les villes du nord — lui aussi dans des postures parfois improbables[1] , mais on ne critique pas, sinon c'est entre trois et quinze ans de prison.

La troisième, ce sont les touk-touks, ces caisses à savon motorisées qui pétaradent et rythment la circulation chaotique de la capitale et d'ailleurs. Ici le klaxon veut dire je passe[2]. Une fois que l'on a pris le parti d'oublier les notions de priorité et de feu rouge, on se sent presque en sécurité. Les scooteurs sont aussi très présents, les casques beaucoup moins, les autres protections inexistantes. Tiens, ici aussi ils roulent du mauvis côté, mais j'ai depuis longtemps assimilé ce genre de détail circulatoire.

Ces quelques clichés énoncés, il est tout à fait possible de trouver des coins sans Bouddha, Roi, ni touk-touk tous les cent mètres; encore que dans la capitale, j'émettrai des réserves.

A Bangkok comme ailleurs, il est toujours agréable de se promener dans les bazars et les marchés. Qu'ils soient flottants ou sur la terre ferme, de jour comme de nuit, pour touristes ou pour tout le monde. On y trouve les senteurs et les couleurs caractéristiques du pays, celles qui font que l'on sait où on se trouve, au cas où le doute persiste. Sur les bords des canaux du Chao Phraya on trouve de tout. Des maisons et leurs temples miniatures pour les esprits, certaines aux planches de bois vieillissantes qui semblent tenir par miracle en équilibre sur leurs pilotis, des varans, des pagodes et leurs bonzes, du linge qui sèche.

L'année 2552 s'est levée pour nous à Chiang Maï, où le réveillon avait un allure féérique avec tout au long de la soirée, le lâcher de montgolfières en papier de soie dont les ratés vont joyeusement mettre le feux aux arbres et aux fils électriques. Des centaines de nouvelles étoiles qui s'élèvent tranquillement au dessus de la ville jusqu'à ce que leur lumignon s'éteigne et que la nuit les absorbe. La nôtre était dans le tas.

Le calme relatif de Chiang Maï contraste et apaise après Bangkok. Ici aussi, des wats de partout. Un canal et des restes de remparts qui encerclent la vieille ville.

Le retour dans le sud s'amorce avec cinq heures de bus jusqu'à Sukhothaï, ancienne capitale où les ruines Khmers se mélangent parfois aux habituels bouddhas et stoupas. Une journée à faire le tour des vieilles pierres à vélo avant de continuer la descente vers Bangkok en sept heures dans le dernier bus non complet permettant d'arriver dans les temps pour l'avion du lendemain.

Notes

[1] Dont les très populaires en train de prendre des photos et avec le nez qui coule.

[2] Sous-entendu fais attention si tu veux pas rayer ta voiture, le tout sur une deux-voies utilisée comme si elle en avait trois ou quatre.